Cette forêt qui nous protège... - COMM'une info n° 78

Publié le 7 mai 2024
Le 10 avril dernier, le service des forêts a procédé à la plantation d’une centaine d’arbres sur la parcelle des Allamands, sise au nord-est du territoire communal, l'occasion de revenir sur le rôle et l’importance des forêts de protection de la Commune.

Un tiers du territoire communal de Blonay – Saint-Légier est constitué de forêts. Une partie de ces forêts se situe à une altitude de plus de 900 mètres, tandis qu’une autre partie se retrouve à plus de 1'100 mètres. Installée sur les contreforts des Préalpes, notre région se caractérise par des pentes abruptes, des sols parfois instables, des barres rocheuses, des précipitations, tantôt sous forme de pluie ou sous forme de neige. En plus des fonctions de production de bois, de promotion de la biodiversité ou d’espace pour les loisirs humains, un peu plus de la moitié de ces surfaces forestières (publiques et privées) joue donc un rôle très important dans la protection contre les dangers naturels : glissements de terrain, laves torrentielles et chutes de pierre essentiellement.

Planification sur 4 ans

Leur entretien, fondé sur des expériences théoriques et pratiques, est planifié par l’inspecteur forestier d’arrondissement, en collaboration avec le garde forestier de triage. Un programme, composé de mesures prioritaires, est établi tous les quatre ans. Une planification validée par le Canton et la Confédération qui soutiennent financièrement ces interventions. « Si certaines coupes de bois peuvent parfois vous interroger, sachez qu’elles sont le fruit de réflexions fines qui mettent en valeur la multifonctionnalité des forêts au profit de la biodiversité et des activités humaines », explique Maxime Roth, garde forestier au Groupement forestier de la Veveyse. Dans la plupart des cas, les entretiens pour la fonction de protection consistent à étager la structure verticale des arbres, en créant des ouvertures pour que le rajeunissement puisse s’installer. Si, en principe, il s’agit toujours de rajeunissement naturel, dans certains cas, la plantation s’impose.

Plantation de 120 arbres

Le 10 avril dernier, le service forestier communal, en étroite collaboration avec le garde forestier, a procédé à la mise en terre de 120 arbres, sur une surface de près de 1'700 m2, au lieu-dit les Allamands, dans le Vallon de la Veveyse de Fégire. « Une coupe de très gros bois avait été effectuée à cet endroit en 2020. Le terrain ne comportait que des framboisiers et des ronces. Érables planes ou sycomores, tilleuls, bouleaux et aulnes noirs ont été replantés par les employés communaux, afin de dynamiser la croissance de la forêt à cet endroit. « Si nous laissons faire les choses, le processus de rajeunissement prend environ 50 ans. Dans le cadre d’une forêt de protection, nous préférons ne pas attendre et nous donnons un coup de pouce à la nature », poursuit Maxime Roth. L’objectif est d’installer un nouveau peuplement, lequel sera capable d’assurer les fonctions protectrices. Lorsque le rajeunissement sera assez conséquent et qu’il aura atteint près de 10 cm de diamètre, le service forestier pratiquera des soins à la jeune forêt, de manière à maintenir la structure, favoriser les essences à venir et donner aux arbres la meilleure dynamique possible. Le nettoyage des cours d’eau et des berges, par l’évacuation du bois mort présent dans le lit des rivières, fait également partie de l’entretien de la fonction protectrice. « Dans certains cas, principalement pour prévenir les chutes de pierres, nous installons des troncs en travers de la pente pour dévier la trajectoire des cailloux. »

Propriétaires privés

Pour toutes ces raisons, la Municipalité mène également depuis de nombreuses années une politique active, afin d’inciter les propriétaires de parcelles privées à remettre leurs biens à la Commune. À l’heure actuelle, ces parcelles sont au nombre de 2’157 sur les sept communes membres du Groupement forestier de la Veveyse. Si les deux tiers des surfaces forestières du triage se trouvent sur la Commune de Blonay — Saint-Légier, seuls 645 hectares lui appartiennent sur les 1’217 hectares que compte le territoire forestier communal. Cette volonté de rachat vise à simplifier l’entretien et la planification des soins apportés aux arbres (certaines parcelles étant disséminées sur tout le périmètre forestier communal), gagner en sécurité (les propriétaires privés n’ayant pas l’obligation légale d’entretenir leur bout de forêt) et diminuer les coûts.

Entretien coûteux

L’entretien des forêts représente en outre un investissement financier qu’il est parfois difficile d'assumer pour les propriétaires forestiers privés, bien que l’État de Vaud et la Confédération soutiennent l’entier du déficit engagé lors des travaux en forêts protectrices. Si, pour les communes, le Canton ne prend en charge que le 80 % de ce déficit lors d’un chantier en forêt de protection, il est primordial pour les autorités de montrer l’exemple. « Au-delà de l’obligation légale, les ressources forestières sont un bien précieux qu’il convient de préserver, relève la Municipale Laura Ferilli. Même si l’achat de parcelles privées ne semble pas financièrement rentable, cette démarche nous permet, sur le long terme, d’entrevoir une gestion plus cohérente, globale et durable des forêts sises sur notre territoire communal. »

En cas d’intérêt ou de demandes de renseignements complémentaires, les propriétaires privés sont invités à s’adresser à Maxime Roth :

021 564 03 63

maxime.roth@vd.ch

Gestion durable des forêts depuis 1876

La fonction protectrice de la forêt est inscrite dans la Loi forestière suisse comme l’une des quatre fonctions principales pour lesquelles un entretien particulier est souhaité. Son suivi, par des interventions ciblées, limite les dégâts naturels tout au long de l’année et évite, dans la plupart des cas, la construction d’ouvrages de protection. C’est, entre autres, pour cette raison qu’en 1876, la Loi sur la police des forêts a été adoptée en Suisse. Cette loi faisait suite à de très nombreuses coupes rases pour les besoins de l’industrie, lesquelles ont occasionné d’énormes catastrophes naturelles dans les Préalpes et dans les Alpes. Le texte contenait un principe révolutionnaire pour l’époque, celui de la durabilité, en imposant de ne prélever que la quantité de bois qui pousse, nécessaire aux intérêts de la production forestière, sans toucher au capital. Si depuis, la loi a été revue, ce principe de base n’a pas changé.

COMM'une info n° 78 - mai 2024

Cette forêt qui nous protège... - COMM'une info n° 78
120 arbres ont été replantés sur une surface de près de 1'700 m2, de façon à assurer la fonction de protection de la forêt.